Théodule Ribot
(Saint-Nicolas-d'Attez 1823 - Colombes 1891)

Autoportrait

Huile sur toile,
65 x 54 cm.

Vendu

Avec sa gamme de gris et de noir d’où se détachent quelques plaques de lumière crue, l’énergie de la touche, l’absence de décor et la présence vibrante du visage qui surgit de l’ombre dans un puissant clair-obscur, ce portrait évoque immédiatement l’œuvre de Théodule Ribot. La ressemblance physique du modèle avec le peintre nous donne même à penser qu’il s’agit d’un autoportrait...

 

Notice de l'oeuvre :

Avec sa gamme de gris et de noir d’où se détachent quelques plaques de lumière crue, l’énergie de la touche, l’absence de décor et la présence vibrante du visage qui surgit de l’ombre dans un puissant clair-obscur, ce portrait évoque immédiatement l’œuvre de Théodule Ribot. La ressemblance physique du modèle avec le peintre nous donne même à penser qu’il s’agit d’un autoportrait.
Les autoportraits connus de Théodule Ribot datent généralement des années 1880, c'est-à-dire de la fin de la carrière de l’artiste. Ils sont peints dans un style très personnel qui rappelle celui de Rembrandt.
Notre tableau renouvelle cette vision en offrant un autoportrait de jeunesse inédit où s’exprime déjà toute la singularité du talent de celui que ses pairs surnommèrent «Ribot, l’indépendant ». D’après l’âge du modèle, on peut dater l’œuvre des années 1850-1860, soit avant la consécration officielle du peintre. Isolée de tout décor, la figure prend une vie singulière qui frappe immédiatement le spectateur. Par l’éclat de son clair-obscur, Ribot parvient à exprimer une énergie étonnante. Il place sa figure face au spectateur, sous un jour étroit qui concentre violemment la lumière sur le visage à moitié éclairé. L’œil droit, seul visible, occupe ainsi le centre de la composition d’où surgissent la volonté et le tempérament de l’artiste. Comme dans tout son œuvre, le peintre ne cherche pas ici à narrer une scène ni à rendre une atmosphère mais à saisir la matérialité et l’énergie propre de la figure qu’il choisit de peindre.
La subtilité de la gamme chromatique et la puissance de la touche participent de cette même recherche. Sur un fond neutre et sombre, le visage et les mains, soulignés par le blanc crayeux du col et le rouge pur de la palette, émergent violemment pour faire vibrer toute l’âme de l’artiste. Comme l’écrivait L. de Fourcaud (1), « Par la force de son exécution (…) Théodule Ribot vous oblige à regarder ce qu’il vous montre, à subir son point de vue, à sentir ce qu’il a senti (…) Ces tableaux ont toujours le caractère d’une apparition de choses réelles à leur suprême puissance ».
Notre portrait nous permet également d’éclairer une toile assez énigmatique, peinte par Ribot dans ces mêmes années. Il s’agit des Musiciens (Cleveland, Museum of Art), composition réalisée à la manière des caravagesques français. Le spectateur est immédiatement saisi par l’intensité du regard du joueur de luth au premier plan. Si l’on compare sa figure sombre et mélancolique avec celle de notre personnage, on peut y deviner un second autoportrait de jeunesse.
Nous avons tenté de retracer la provenance de notre tableau en examinant un à un les différents catalogues d’expositions et de ventes Ribot (2) et en étudiant une ancienne thèse de doctorat (3) consacrée au peintre. L’absence d’illustration des œuvres et la brièveté des notices des catalogues anciens ont rendu cette entreprise particulièrement ardue. Notre attention a cependant été retenue par un tableau cité par Jean Coutu dans le catalogue de portraits qu’il dresse en annexe de sa thèse :
« N° 98 : Le peintre, emplac. inc., H 0,65 m x L 0,58 m. Il s’agit sans doute du portrait d’un peintre ami ».
Il pourrait fort bien s’agir de notre tableau dont le sujet et les dimensions sont tout à fait compatibles. Malheureusement, cette œuvre n’est pas illustrée et aucune autre précision ne nous est fournie quant à sa provenance.

Lilas Sharifzadeh

(1) L. de Fourcaud, in Préface au catalogue de l’exposition Théodule Ribot, Galerie Bernheim Jeune, mai 1887.
(2) Exposition T. Ribot catalogue raisonné des œuvres exposées, galerie Bernheim-Jeune, Paris, 12 mai 1887 ; Vente 18 mai 1875, 40 dessins par Ribot et aquarelles par divers artistes modernes ; Exposition Ribot, Galerie Bernheim Jeune, juin-juillet 1890. 228 tableaux exposés ; Vente Veuve Th. Ribot, 104 tableaux études, aquarelles et dessins par Ribot, 30 mai 1896 ; Vente de l’atelier de Théodule Ribot, Ses tableaux, dessins, aquarelles, et d'autres de son père, 19 mai 1905 ; Exposition Th. Ribot, Paris, Palais National des Beaux Arts, 3-31 mai 1892 ; Exposition Ribot, Paris, galerie Bernheim Jeune, 2-8 février 1911 ; Exposition rétrospective Th. Ribot peintre et aquafortiste, Colombes, Hôtel de Ville, 6-20 mai 1934.
(3) Jean Coutu, Théodule Ribot, peintre, thèse de doctorat, Paris, 1965.

Provenance:
David Champion, Paris ; identifié comme un autoportrait perdu de Théodule Ribot ; identification confirmée par le Pr. Weisberg ; vendu pour le compte de David Champion à un collectionneur privé parisien.


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