André Devambez
(Paris 1867 - Paris 1944)

Séminaristes passant devant La Trinité des Monts à Rome

Huile sur panneau,
15 x 21,4 cm

Provenance :
Ancienne collection de Louis Hourticq.

Bibliographie :
Louis Hourticq, André Devambez, Paris, 1937.
André Devambez, Paris, Ecole Nationale des Beaux-Arts, 8-21 juin 1945, catalogue d’exposition, Paris, 1945, n°59, p. 16.

Vendu


 

Notice de l'oeuvre :

André Devambez nait à Paris en 1867. Enfant, il est passionné d’histoire et dessine des batailles historiques. Il écrit et illustre ses propres contes, bandes-dessinées et pièces de théâtre. En 1883, il entre dans l’atelier de Gabriel Gay, puis à l’Académie Jullian en 1885, où il reçoit l’enseignement de Benjamin Constant et de Jules Lefèvre. Il assiste également son père dans son activité de graveur et d’imprimeur, Passage des Panoramas à Paris. Après l’obtention du prix de Rome en 1890, il séjourne trois ans à la Villa Médicis entre 1893 et 1896. De son union avec Cécile Richard naissent deux enfants, dont Pierre, futur conservateur au Musée du Louvre.
En 1910, le Ministère des Affaires Etrangères lui commande douze panneaux pour l’Ambassade de France à Vienne. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur l’année suivante. Il s’engage dans une section de camouflage pendant la Première Guerre Mondiale mais il est grièvement blessé. Dans les années 1920, il participe au Groupe de l’Araignée, à Paris Le Soir et au bulletin Les Humoristes. Il enseigne aussi à l’Ecole des Beaux-Arts et devient membre de l’Institut en 1929.
En 1934, il est nommé peintre du Ministère de l’Air. Il est chargé de mission à la Villa Médicis, puis à la Casa Velasquez à Madrid en 1935. Il se rend aussi à Londres. Dans les années qui suivent, il devient membre du jury de la Société des Artistes Français. En 1942, le prix Paul Chabas lui est décerné à l’unanimité. Il décède deux ans plus tard des suites d’un cancer.

Ce petit panneau a appartenu à l’historien d’art Louis Hourticq (1875-1944). Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure et agrégé de lettres, il est nommé professeur d’histoire de l’art et d’esthétique à l’école des Beaux-Arts en 1919 et Inspecteur général de l’enseignement du dessin en 1924. Excellent vulgarisateur, Louis Hourticq a produit de nombreux ouvrages généraux, parmi lesquels on peut citer de Poussin à Watteau en 1921, l’Encyclopédie des Beaux-Arts en 1925, la vie des images en 1927, et Génie de La France en 1943. Il est également l’auteur d’un petit opuscule sur André Devambez, en 1937, dans lequel il semble faire allusion à ce tableau, qui devait déjà, semble-t-il, lui appartenir. En effet, il affirme au sujet du peintre : « on a vu de lui de jolis tableaux romains, des soutanes de séminaristes qui passent rapides, agités par le vent sur le fond ocre d’une muraille romaine ». Louis Hourticq et André Devambez décèdent la même année, en 1944.

Une œuvre intitulée La Trinité des Monts à Rome, mentionnée comme appartenant alors à Madame Hourticq, est exposée à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts en 1945. Il s’agit sans nul doute de notre tableau, dans lequel on reconnaît le couvent qui jouxte la façade célébrissime de la Trinité des Monts à Rome (ill. 1). Cette église française est située sur le Pincio, à proximité de la Villa Médicis.

 

André Devambez se rend deux fois à Rome, à la fin du XIXème siècle et dans les années 1930. Le cadrage, le petit format, la signature et la tenue de la jeune femme à gauche (chapeau cloche, jupe aux genoux) sont des indices qui nous permettent de situer l’exécution de cette œuvre lors de son second séjour à la Villa Médicis. En effet, alors que les premières œuvres romaines de Devambez sont encore marquées par l’enseignement académique qui pesait sur l’ensemble des pensionnaires, il ne retient plus ici la leçon de l’Antique ou des maîtres de la Renaissance. Dans les années 1930, il apparaît comme un observateur amusé de la vie contemporaine, qui rapporte quelques bons souvenirs de son voyage à Rome.

Notre œuvre s’inscrit dans une série de petits tableaux où l’artiste parvient à fixer les aspects les plus significatifs de la vie citadine, de manière pittoresque. Il s'affranchit de l’Académisme d’école et peint de nombreuses esquisses de jardins, places et ruelles étroites. Il privilégie les petits formats aussi pour une raison pratique : ses blessures de guerre lui ont longtemps rendu la station debout très difficile et il travaille souvent assis, un petit panneau dans sa main gauche. Notre 
scène est sans doute peinte sur le motif. En effet, Devambez ne se séparait jamais de sa boîte à pouce et il n’hésitait pas à saisir toutes les occasions pour fixer ses impressions.
Devambez multiplie les audaces par des vues vertigineuses en plongée ou des plans serrés. Dans ce tableau comme dans beaucoup d’autres, il choisit de ne représenter qu’une partie de la façade. En cela, ses cadrages et petits personnages font allusion au cinéma ou à la bande-dessinée.

Titulaires de nombreuses médailles et titres honorifiques, Devambez a été classé parmi les peintres officiels bien que son œuvre, d’une marginalité peu commune, soit très éloignée des conceptions esthétiques académiques.
Ses petites scènes de genre connaissent un succès non démenti aujourd’hui. On retrouve dans les Nounous au jardin du Luxembourg récemment passé en vente, le même type de composition au cadrage resserré, avec un vide central et les personnages vaquant à leurs occupations en périphérie de la scène (ill. 2).


Dans ce genre de tableautins, Devambez charme par ses compositions insolites et la qualité de sa facture. On peut voir en lui un observateur fin et perspicace de la nature humaine, à l’originalité peu commune. Louis Hourticq trouve les mots justes lorsqu’il évoque l’art savoureux et la technique raffinée d’André Devambez.
Amélie du Closel
 
Bibliographie en rapport :
André Devambez (1867-1944), présentation d’une donation, Beauvais, Musée départemental de l’Oise, 15 juin-3 octobre 1988, catalogue d’exposition, Beauvais, 1988.
Noémie Bertrand, Michel Ménégoz, André Devambez, 1867-1944 : peintures, dessins, lithographies, Neuilly-Plaisance, Salle des fêtes, 4 juin-4 juillet 1992, catalogue d’exposition, Neuilly-Plaisance, 1992.
Michel Ménégoz, André Devambez, 1867-1943, Paris, Galerie Antoine Laurentin, 9 juin-13 juillet 2006, catalogue d’exposition, Paris, 2006.


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