Joseph Granié
(Toulouse 1861-1915 Paris)

Portrait de femme debout

Huile sur panneau,
33 x 23,5 cm,
Signé et daté (en bas à gauche) « GRANIE MCM ».

Vendu

 

Notice de l'oeuvre :

Fils d’un tapissier de Toulouse, Joseph Granié se forme dans l’atelier de Jules Garipuy à l’école des Beaux-Arts municipale. Il est l’élève de Gérôme aux Beaux-Arts de Paris, et expose dans les Salons officiels à partir de 1879. Sous l’impulsion de Ziem, il réalise également des enluminures sur vélin dans des tons rares et précieux pour illustrer plusieurs ouvrages de miniatures.

Granié est surtout connu pour ses portraits féminins, teintés de symbolisme, qui se distinguent par leur indéniable suavité et leur sensualité inquiète. Ils révèlent un souci du dessin exact et un goût pour le mystère. On recense un nombre important de portraits au crayon de graphite, sur papier légèrement gris et rehaussés d’un peu de gouache, aux lignes sobres et élégantes. Ce sont généralement des portraits de femmes aux traits d’une pureté idéale et aux chevelures tantôt dénouées, tantôt ramenées sur le sommet de la tête, frisées ou bouclés (ill. 1 et 2).

 


 

Les portraits peints de l’artiste témoignent d’une influence des maîtres de la Renaissance allemands et français. C’est le cas du portrait d’Yvette Guibert (musée d’Orsay), chanteuse française du café concert, dont le fond du panneau de bois est revêtu d’une couche d’or (ill. 3). On retrouve dans ce tableau d’une grande préciosité, la perfection de la matière de Cranach, d’Holbein et de Dürer. Dans le portrait de Marguerite Moreno (musée d’Orsay), actrice de théâtre et égérie du symbolisme, on est frappé par la délicatesse des mains aux doigts effilés (ill. 4). Dans cette œuvre simple et émouvante, Granié privilégie des lignes sobres et une sécheresse d’exécution voulue. Le critique Louis Lacroix, qui loue son talent de dessinateur et sa technique particulière, le présente comme « le disciple attardé de Clouet et des grands dessinateurs français du XVIème siècle ». Ces portraits ne peuvent cependant s’assimiler à des simples pastiches, car ils reflètent la capacité d’observation et le style très personnel de l’artiste.
Daté de 1900 (en chiffres romains « MCM »), notre panneau fut réalisé la même année que Le Baiser, tableau saphique et énigmatique de Granié (ill. 5).




 

La figure représentée dans notre toile n’est pas identifiée. S’agit-il de Marguerite Moreno, comme le suggèrent les doigts effilés, les cheveux châtains et la silhouette longiligne de la jeune femme? L’attitude ambivalente, évoquant à la fois la timidité et l’espièglerie, s’apparente à un jeu d’acteur. L’attrait du peintre pour le monde du spectacle renforce l’hypothèse d’un portrait de comédienne. La main gauche de la jeune femme est portée devant sa bouche tandis que son bras droit est relevé et replié sur son front, comme si elle cherchait à se cacher d’un spectateur indiscret, tout en lui adressant paradoxalement un regard complice et malicieux. Cette pudeur feinte n’est en réalité qu’un moyen d’aiguiser le désir de ce dernier. C’est finalement moins le portrait d’un individu que la description d’une attitude piquante, oscillant entre la retenue et l’invite.
Par son caractère énigmatique, son dessin précis et ses coloris raffinés, notre séduisant tableau offre une parfaite illustration de l’art subtil de Joseph Granié.
Amélie du Closel
 

Bibliographie en rapport :
Jean Cruppi, « J. Granié », Revue de l’Art Ancien et Moderne, 3ème année, t. VI, n°29, 10 août 1899, pp. 12-98.
Henri Frantz, « J. Granié », Revue de l’Art, n°1, 4 novembre 1899, pp. 10-13.


 


 


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