Hélena et Guy Motais de Narbonne exposent la totalité de leur très jolie collection au musée des Beaux-Arts d’Orléans. Au milieu de ce bel ensemble que nous connaissons bien pour l’avoir vu à de nombreuses reprises dans leur appartement, un tableau nous a intrigué, nous est apparu sous un jour nouveau, d’abord par sa beauté et son pathos très affirmés, mais aussi par son attribution : Giuseppe Bazzani (1690-1769).
 

Giuseppe Bazzani,
Christ mort pleuré par des anges,
huile sur toile,
collection Motais de Narbonne

Bazzani est un artiste actif en plein XVIII^e siècle, aux compositions très agitées, au métier effiloché, aux couleurs chantantes. Or notre Christ mort nous semble franchement XVII^e : canon sinueux, touche fluide et couleurs blafardes! Tous qualificatifs qui s’appliquent parfaitement au lyonnais Louis Cretey (v. 1635-ap. 1702). La frontière est mince entre les deux artistes, « l’image » et les compositions sont proches mais c’est la manière qui diffère : Bazzani a un pinceau moins fluide que Cretey, une matière plus « sèche », moins transparente.
 

Cretey est une redécouverte récente de l’histoire de l’art. Son œuvre s’était perdu sous d’autres noms. C’est le mérite de Pierre Rosenberg d'avoir exhumé ce singulier artiste, comme il l'avait fait auparavant pour le délicieux Pierre Subleyras ou le surprenant Julien de Parme. Espérons que nous aurons assimilé la leçon...